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5 conseils pour définir
et venir à bout du burn-out par Marie Pezé, psychanalyste et ancien
expert judiciaire auprès de la Cour d’Appel de Versailles
Nous assistons, dans les
consultations spécialisées dans la souffrance au travail, à une
simplification de langage de la part des patients, tous en "burn-out"
comme, à une époque tous "harcelés". Le syndrome
d'origine se transforme en concept-poubelle, en pop psychologie, vidé
de sa définition véritable, et son omniprésence masque les autres
pathologies psychiques liées au travail, tout aussi sérieuses à
prendre en compte.
Du côté des
entreprises, le burn-out est encore trop souvent renvoyé à des
caractéristiques personnelles: surinvestissement du travail, terrain
addictif, besoin excessif de reconnaissance, engluant le salarié
dans sa culpabilité individuelle, exonérant les organisations du
travail de leur obligation de protection de la santé physique et
mentale des salariés (L 4121). La conscience professionnelle,
autrefois vertu majeure, est-elle devenue une pathologie? Vouloir
bien faire son travail en ayant le temps, les moyens, les objectifs,
relève-t-il d'un idéal névrotique?
Au-delà des questions de
définitions, d'imputabilité ou pas à l'entreprise, de
reconnaissance en maladie professionnelle, qui nécessiteraient une
argumentation que je développe dans Le Burn-out pour les nuls, et
devant l'aggravation et la multiplication des cas dans nos
consultations, voici quelques conseils majeurs:
Ne pas mépriser sa
fatigue et connaître les trois symptômes d'alerte
Une fatigue
indéracinable, un repos qui ne repose plus. Une perte du plaisir à
aller travailler. Le recours aux produits pour tenir. A ce stade, il
faut consulter.
Ne pas se laisser
dévorer par le dieu du temps, Chronos, qui devient vite un voleur de
vie
Ne vous laissez pas avoir
par le bip de l'e-mail entrant, par le nombre d'e-mails affichés pas
encore lus, la messagerie saturée. Toutes ces mini-actions de
lecture/compréhension/réponse vous épuisent et surtout vous
empêchent de penser vraiment. Pour penser, réfléchir, votre
cerveau a besoin d'espace et de temps. Ce fameux 'temps de cerveau
disponible» que notre civilisation consumériste sait capturer,
REPRENEZ-LE! Pour vous.
Travailler sur sa peur
en ne restant pas seul
La peur cède quand on
découvre qu'on n'est plus seul, qu'un médecin, un thérapeute, un
avocat, un inspecteur du travail, un médecin-conseil peuvent
s'interposer entre l'employeur et son salarié. Quand on devient un
salarié averti de ses droits et de ses devoirs.
Bien sûr, il est plus
simple de surmonter sa peur collectivement, quand on peut s'appuyer
sur les collègues, le collectif, l'équipe. On a vu que dans un
monde de polyvalence, de turn-over, de délocalisation, les équipes
se disloquent. Or, ce qui se passe au travail est notre affaire à
tous. Il faut défendre les autres pour renouer avec la solidarité.
Non, tout ne vient pas
de nous
Il faut aussi tenir
compte de la façon dont on organise notre travail, identifier les
techniques de management pathogènes. Bien sûr, le travail est en
forte résonance avec notre identité personnelle. Si le salarié
s'investit trop au travail, on aura beau jeu de penser qu'il a un
besoin éperdu de reconnaissance depuis l'enfance. Qu'il n'obéit pas
aux consignes parce qu'il s'oppose inconsciemment à l'autorité
paternelle! Mais peut-on dire à l'ouvrière, qui souffre des 27
bouchons qu'elle visse par minute, que son OEdipe y est pour quelque
chose? Peut-on dire au harcelé qui s'effondre à son poste: "Partez
au lieu de supporter cette souffrance", alors que démissionner
lui ferait perdre ses droits sociaux? Les Françaises apportent-elles
leur consentement pulsionnel à être payées 25% de moins que les
hommes?
Sachez reconnaître
votre propre travail à défaut d'obtenir la reconnaissance de votre
hiérarchie
Ce que nous investissons
dans le travail ne peut se soutenir que grâce à des gratifications
obtenues en retour:
Gratifications issues du
travail lui-même lorsqu'il est bien fait et nous renvoie une image
positive de nos compétences. Sauf si nous travaillons en mode
dégradé!
Gratifications réelles
au travers du salaire ou d'autres avantages. Sauf si ces rétributions
sont bloquées!
Gratifications
symboliques par ce que l'usager pour qui nous travaillons, notre
hiérarchie et nos collègues, nos pairs nous renvoient l'utilité de
ce que nous avons fait pour eux. Sauf s'il est de bon ton de ne
jamais remercier le salarié pour le travail bien fait, de ne pas le
rater quand il a fait une erreur.
Pour vous les femmes,
il est temps de redire qu'une double journée pèse sur vos épaules
et que cela ne doit plus être une double peine
C'est toujours EN CONTRE
que le corps de la femme va devoir trouver sa place dans
l'organisation du travail en France. Elles doivent s'adapter à un
monde du travail construit par les hommes qui ont des femmes les
déchargeant de la sphère domestique et familiale. D'où les
réunions tardives, les dossiers déposés à 18 heures, les freins à
la carrière quand on a des enfants et que l'employeur anticipe les
absences pour enfant malade, les temps partiels. Et tout en
supportant le sexisme ordinaire qu'on taxe encore trop souvent de
gauloiserie à la française.
Dans tous les cas, ne
restez pas seuls.
Pour aller plus loin
FIRST EDITIONS
Marie Pezé - Le burn-out
pour les nuls - Ed. First
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