Une étude qui enfonce des portes ouvertes mais c'est toujours important de rappeler qu'une baisse des moyens alloués aux hôpitaux à des conséquences pour le personnel, pour les malades, avec, à plus ou moins long terme une vraie menace pour les services... En France, ce phénomène est probablement accentué par la contestable T2A...
Malgré ces évidences, depuis des années, les gouvernements successifs continuent d'affaiblir notre système de santé...
De nombreux articles sont consacrés à cette étude, je vous propose celui de Science et Avenir:
Une étude établit un lien entre la surcharge de travail des infirmiers et l'augmentation de la mortalité dans 300 hôpitaux européens.
Augmenter la charge de travail d'un infirmier fait progresser en moyenne de 7% le risque de mortalité du patient dans le mois qui suit son admission. PHILIPPE HUGUEN / AFP
INFIRMIERS. Les mesures d’austérité lorsqu’elles sont prises en milieu hospitalier peuvent avoir de funestes conséquences. C’est la conclusion de travaux publiés mercredi 26 février dans la prestigieuse revue médicale britannique The Lancet. L’étude s’est attachée à évaluer l’impact d’une surcharge de travail des infirmiers ainsi que leur niveau de formation sur la survie de patients admis en chirurgie.
L’étude a compilé les données d’hospitalisation de 422 730 patients âgés de 50 ans ou plus et opérés dans 300 hôpitaux de 9 pays européens (Belgique, Royaume-Uni, Finlande, Irlande, Pays-Bas, Norvège, Espagne, Suède, Suisse). Ces patients ont subi des opérations courantes comme celles de la hanche ou du genou, de la vésicule biliaire, des interventions vasculaires ou encore de l'appendicite.
Augmenter la charge de travail fait progresser de 7% le risque de mortalité du patient
Ces données ont été recoupées avec les résultats d'une enquête réalisée en 2009-2010 auprès de 26 516 infirmiers qui évaluait leur charge de travail ainsi que leur niveau de formation.
Résultat : augmenter la charge de travail fait progresser en moyenne de 7% le risque de mortalité du patient dans le mois qui suit son admission. Les chercheurs ont également mesuré que chaque année supplémentaire de formation des infirmiers était associée à une réduction de 7% du risque de décéder dans les 30 jours suivant l'intervention chirurgicale.
Certes, le nombre de patients morts à l'hôpital était très faible : en moyenne entre 1 à 1,5 %, selon les pays. Cependant, au sein d'un même pays, ce taux de mortalité varie largement, allant jusqu'à plus de 7 % dans les hôpitaux les plus mal lotis. Pour les auteurs de l’étude, c’est bien la surcharge de travail et le niveau de formation qui sont en cause.
Charge de travail et niveau de formation
Deux facteurs majeurs sont donc liés à cette mortalité plus élevée : une charge de travail plus importante et un niveau d'éducation plus faible des infirmiers ou des infirmières. La dotation en personnel et le niveau de formation varient grandement d'un pays à l'autre et même d'un hôpital à l'autre, notent les auteurs. En Espagne et en Norvège par exemple toutes les infirmières ont l'équivalent du niveau de licence contre seulement 28% en Angleterre.
Dans les hôpitaux où chaque infirmière est chargée de six patients en moyenne et où 60%, ou plus, de l'équipe a le niveau licence, le risque de décès du patient dans les 30 jours est inférieur de presqu'un tiers à celui des établissements où chaque infirmière a à sa charge huit patients et où seulement 30% d'entre elles possèdent ce degré d'éducation.
Des économies qui affectent la santé des patients
À chaque patient supplémentaire par infirmier correspond une hausse de 7% du risque de mort pour le patient. Et, chaque augmentation de 10% de la proportion d'infirmière qualifiée niveau licence se traduit par une baisse de 7% de la mortalité, calculent-ils.
Les auteur avertissent que la réduction des effectifs infirmiers par souci d'économie pourrait affecter l'état de santé des patients. À l'inverse, mettre davantage l'accent sur l'éducation de cette profession pourrait réduire des décès évitables à l'hôpital.
"Ces résultats suggèrent qu'un niveau sûr de personnel infirmier pourrait contribuer à réduire la mortalité chirurgicale, et remettre en question l'idée largement répandue que l'expérience des infirmières et plus importante que leur formation/éducation", estime le Pr Linda Aiken (États-Unis, University of Pennsylvania's School of Nursing), premier auteur de l'étude.
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