14 janvier 2017

A lire: Universités, écoles, prépas... : ce qui change dans le supérieur en 2017


Un article passionnant et très complet de Jean-Claude Lewandowski pour le journal Le Monde



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Filière par filière, le point sur les tendances et nouveautés de cette année qui débute, pour les établissements grands ou moins grands de l’enseignement supérieur.

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Voici un tour d’horizon de l’actualité des principaux types de ­formation. Avec, pour commencer, un rappel des tendances que les étudiants doivent avoir à l’esprit pour piloter leur cursus, au moment d’effectuer ses choix sur Admission post-bac (APB 2017) ou plus avant.

L’offre devient plus complexe Partout, des écoles se créent, de nouveaux cursus (bachelor, master of science [MSc]…) voient le jour, les spécialisations se multiplient. Sans parler de la dualité universités-grandes écoles, ni des possibilités de cursus à l’étranger. Résultat, étudiants et parents peinent à s’y retrouver.

Les « passerelles » entre programmes se répandent Elles permettent de réparer une erreur d’orientation – à condition de s’y prendre à temps.

Les frais de scolarité grimpent – sauf à l’université. En cause, la baisse des subventions de l’Etat et des chambres de commerce et ­d’industrie, l’essor des services aux étudiants, le besoin d’équipements de qualité… Mais les moyens de financer un cursus (bourse, alternance, stage, petits boulots…) sont de plus en plus nombreux.

L’international devient la règle Les séjours longs à l’étranger se multiplient. Une bonne maîtrise de l’anglais est désormais incontournable.

La pédagogie est en plein ­renouveau MOOCs (cours en ­ligne accessibles au plus grand nombre), apprentissage par projet, classes inversées, interdisciplinarité, travail en équipe : ­partout, les établissements réinventent leur enseignement.

Les parcours s’individualisent Chacun peut composer son cursus à sa façon, en combinant options, stages et séjours à l’étranger. L’étudiant doit donc être « acteur » de son parcours, voire stratège.

L’entreprise est toujours plus présente Sous des formes diverses : stages, missions, interventions d’experts dans les cours, chaires… Sans oublier, bien sûr, l’apprentissage.

L’entrepreneuriat gagne du terrain De plus en plus d’étudiants portent un projet, de création d’entreprise, d’action humanitaire, d’association sportive… Phénomène de mode ? Plutôt une lame de fond.
Universités : la sélection admise en master ?

La sélection devrait faire son ­entrée officielle à l’université. ­Selon un texte adopté par les ­députés en décembre, à compter de 2017, les universités pourront « choisir » leurs étudiants à l’entrée en master, la sélection entre M1 et M2 ayant été jugée illégale par le Conseil d’Etat – même si des dérogations sont prévues pour le droit et la psychologie. Les titulaires d’une licence bénéficieront cependant d’un « droit à la poursuite d’études ».

A cet effet, un portail présentant tous les masters sera créé, ainsi qu’un fonds d’aide à la ­mobilité pour les étudiants non admis dans le master de leur choix. Reste que nombre d’aspects de la ­réforme restent flous. « Comment, par exemple, orienter les étudiants entre M1 et M2, où les effectifs sont forcément limités ? », interroge ­David Alary, vice-président de l’université Toulouse-I-Capitole.

La lutte contre l’échec en licence reste une priorité pour les universités, qui multiplient les initiatives pour mieux accompagner les étudiants, et ce malgré des budgets contraints. L’afflux de 32 000 étudiants supplémentaires à la rentrée 2016 a d’ailleurs conduit le gouvernement à débloquer une rallonge de 100 millions d’euros.

Art, design, création : engouement confirmé

Le succès des écoles d’art, de ­design et de création, publiques ou privées, ne se dément pas. ­Résultat, la sélection devient de plus en plus rude dans les écoles cotées : l’Ecole nationale supérieure des arts décoratifs (Ensad) compte ainsi 2 400 candidats pour 80 places en première année. Un engouement qui répond à la demande accrue du marché de l’emploi.

« Le paysage est en pleine ­recomposition », observe Marc Partouche, directeur de l’Ensad. Ces établissements sont en effet courtisés par les écoles de gestion et d’ingénieurs. Les partenariats se multiplient, à l’instar de ­l’alliance Centrale/Audencia ­Busi­ness School/ENSA (architecture) à Nantes ou d’Artem à Nancy (ICN Business School-Ecole des Mines-Ensad), qui dispose d’un nouveau campus ­ultramoderne. Le groupe Ecole supérieure de commerce (ESC) Troyes, l’Institut des hautes études économiques et commerciales (Inseec) et Kedge Business School, de leur côté, possèdent leur école de design en interne. Quant aux doubles diplômes management-design ou ingénieur-design, ils font florès.

Parallèlement, on assiste à une vague de rachats (Strate, Mod’art…) par des groupes comme Studialis ou des fonds d’investissement. Il est vrai que les écoles d’art privées, souvent onéreuses, connaissent une croissance accélérée. D’autres cherchent à étoffer leurs effectifs et/ou à étendre leur champ d’action. L’Ensad prévoit de s’installer dans une aile du château de Versailles, et lance une école de « mode et matière », à bac + 4, avec les Mines-ParisTech et Paris-Dauphine. Les universités, de leur côté, créent de nouveaux programmes.

Dernière nouveauté : les classes préparatoires privées aux écoles d’art seront désormais ­reconnues par le ministère de la culture. Les élèves bénéficieront ainsi du statut d’étudiant, et pourront donc percevoir une bourse.

Classes préparatoires : égales à elles-mêmes

Effectifs stables, programmes quasi inchangés : les classes préparatoires maintiennent le cap – au moins depuis la réforme de 2015, destinée à offrir un meilleur accompagnement aux bacheliers entrant dans l’enseignement ­supérieur. Seule nouveauté : la plupart des universités ont ­signé des conventions afin de ­reconnaître le parcours des élèves en prépa». Mais ceux-ci doivent s’inscrire à l’université – et donc payer les droits, ce qui suscite quelques remous.

Le nombre de places aux ­concours ne diminue pas, voire augmente légèrement : les élèves sont donc à peu près assurés d’être admis quelque part.

« La plupart des quelque 30 % de candidats qui n’intègrent aucune école ont réussi un concours, mais préfèrent “cuber” [redoubler leur deuxième année] dans l’espoir de rejoindre un établissement qu’ils jugent plus coté, note Alain Joyeux, président de l’Association des professeurs de prépas économiques et commerciales ­(APHEC). Le concours n’élimine pas : il permet de classer les candidats entre les écoles. »

« En réalité, la sélection s’opère plutôt à l’entrée en prépa », ­confirmeSylvie Bonnet, présidente de l’Union des professeurs de prépas scientifiques (UPS).

Ecoles d’ingénieurs : le temps des regroupements

L’heure est aux regroupements dans les écoles d’ingénieurs. Si la fusion de Centrale Paris et de Supélec est bien avancée, plusieurs autres sont engagées. Comme celle des ­Mines de Nantes avec Télécom Bretagne qui forment, depuis le 1er janvier, l’Institut Mines-Télécom Atlantique. Dans le même temps, Télécom Lille fusionne avec les Mines de Douai. De leur côté, HEI, l’ISA et l’ISEN (Lille, Brest et Toulon) ont créé l’alliance Yncréa, présente sur onze sites et forte de 5 500 étudiants.

En parallèle, les écoles poursuivent leur ouverture sur le management, les sciences humaines et sociales, la communication… Ces disciplines peuvent représenter jusqu’à 30 % des enseignements. Les établissements multiplient aussi les partenariats avec les écoles de gestion (avec souvent un double diplôme à la clé), mais aussi de design ou d’architecture.

Pour répondre à la demande croissante des industriels, les écoles d’ingénieurs cherchent à recruter davantage de filles (elles ne représentent que 27 % des promotions, en moyenne), et aussi des étudiants recalés de la première année (Paces) d’études médicales.

Enfin, la hausse des frais de scolarité se poursuit dans les écoles d’ingénieurs publiques (sauf dans celles dépendant du ministère de l’éducation nationale). Les droits passent ainsi à 2 150 euros pour l’Institut Mines-Télécom. Les écoles privées, de leur côté, tournent désormais autour de 7 000 euros par année de scolarité.
Management : les grandes écoles réinventent leur modèle

Baisse de leurs subventions, concurrence accrue des Instituts d’administration des entreprises (IAE), des universités étrangères, voire de filières comme les Instituts d’études politiques (IEP) ou même les écoles hôtelières : le modèle des grandes ­écoles de gestion connaît de profonds changements. Pour équilibrer leurs comptes, elles augmentent leurs frais de scolarité. HEC vient même d’annoncer une hausse de 6 % à 8 % pour les trois prochaines années.

A côté des classes prépa, les ­admissions parallèles (sur titres, après une licence, un bachelor…) sont en forte progression, de même que les cursus post-bac. Les écoles élargissent aussi leur public avec de nouveaux programmes (mastères spécialisés, MSc).

Plusieurs écoles se renforcent à l’international : Skema Business School ouvre un campus au Brésil, après la Chine et les Etats-Unis ; Audencia lance une école de gestion à Shanghaï.

Enfin, les business schools ­renouvellent leur pédagogie (MOOC, classes inversées, travail en équipe et/ou sur projet, jeux sérieux…). Grenoble EM, EM Lyon, EM Strasbourg, Essca, Audencia et EM Normandie sont en pointe sur ce sujet. Toutes mettent aussi l’accent sur le suivi et l’accompagnement des élèves. « La qualité des services offerts est sans conteste un point fort de nos écoles », souligne Jean-Guy Bernard, directeur général d’EM Normandie.

Les écoles françaises comptent toujours parmi les meilleures en Europe. On en dénombre sept dans les vingt premières du palmarès du Financial Times, HEC et l’Insead se classant respectivement 2e et 3e. Côté accréditations, Skema vient de décrocher la « triple couronne » (Equis, AACSB, AMBA), tandis qu’EM Normandie et BSB (Burgundy School of Business) ont obtenu le label Equis.

Sciences Po : la famille s’agrandit

Depuis la rentrée 2014, le réseau des IEP de région (Aix, Lille, Lyon, Rennes, Strasbourg et Toulouse) compte un membre ­supplémentaire : celui de Saint-Germain-en-Laye (Yvelines). Au total, ces sept instituts offrent 1 100 places à l’issue de leurs épreuves communes, Bordeaux et Grenoble continuant de faire ­concours à part. Fruit d’une ­collaboration entre les universités de Cergy-Pontoise et de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines, le nouvel IEP est le seul à déboucher sur un double ­diplôme, celui de l’école et un master universitaire.

Soucieux d’ouverture sociale, les IEP de région ont mis en place un programme d’études intégré (PEI), qui propose une plate-forme en vue du concours, ainsi qu’une préparation intensive d’une semaine. « Le PEI permet d’intégrer nos instituts par le concours “normal”. Il constitue aussi un tremplin vers d’autres ­filières du supérieur », précise ­Céline Braconnier, directrice de Sciences Po Saint-Germain-en-Laye. Un dispositif bien différent de celui de Sciences Po Paris, dont le concours spécifique pour les jeunes de quartiers défavorisés a accueilli près de 1 500 élèves en quinze ans.

De son côté, Sciences Po Paris annonce la création d’une école de management et de l’innovation. En 2018, l’Institut ouvrira à Reims un campus pour 1 600 élèves de 1re et 2e années. Et en 2021, il s’installera dans le bâtiment de l’hôtel de l’Artillerie (7e arrondissement) – un investissement de 200 millions d’euros.

Etudes médicales : le numerus clausus légèrement relevé

Bonne nouvelle pour les candidats des filières médicales : en 2017, le fameux numerus clausus, fixé en fonction des ­besoins de santé et des capacités de formation, est relevé de 478 places, pour en atteindre au total 8 124.

Pour autant, le concours de la Paces (première année commune aux études de santé), qui regroupe les candidats en médecine, pharmacie, odontologie et maïeutique – et également ceux de quelques écoles de kiné – reste une épreuve sélective, avec en moyenne 25 % d’admis seulement. L’université Pierre-et-Marie-Curie (UPMC), par exemple, offre 380 places pour 2 400 étudiants.


Doyen de la faculté de médecine de l’UPMC, Bruno Riou ­précise que « 67 % de ceux qui réussissent le font en deux ans ». Les bacheliers S avec mention très bien affichent le plus fort taux de réussite. « En cas de ­notes très faibles au premier ­partiel, mieux vaut se réorienter sans ­attendre, car les chances de succès sont très minces », ­conseille Bruno Riou.

Plusieurs initiatives visent à rendre ce dispositif moins brutal. Ainsi, l’université d’Angers met en place le système PluriPass, qui supprime tout redoublement et instaure une sélection progressive, avec des places en supplément dans d’autres ­filières. Autre formule, Alterpaces, qui permet à des diplômés de licence d’entrer en 2e ou 3e année de médecine.

Filières courtes : le renouveau

Les filières courtes (à bac + 2 et 3) ont la cote auprès des étudiants – surtout lorsqu’elles sont sélectives, comme c’est le cas des IUT (instituts universitaires de technologie). Beaucoup de recruteurs jugent en effet excessive la « préférence » française pour le master.

Aussi la tendance est-elle à la hausse des effectifs dans ces filières. Les 113 IUT devraient ainsi accueillir davantage de bacheliers technologiques, grâce à des quotas de places réservées. Les IUT souhaitent en outre proposer un diplôme à bac + 3 (licence ou bachelor).

Des expérimentations en ce sens seront lancées à la rentrée. Le gouvernement a aussi annoncé la création de 2 000 places par an sur cinq ans en STS (sections de techniciens supérieurs) pour les bacs pro.

Quant au bachelor, cursus à la fois « professionnalisant » et axé sur l’international, son ­essor se poursuit. L’ESCP Europe et EM Lyon ouvrent le leur à ­Paris. Côté écoles d’ingénieurs, après les Arts et Métiers, ­Polytechnique lancera son ­bachelor en 2017.

En revanche, le projet de la ­réforme de la licence reste en chantier. Ce diplôme universitaire demeure freiné par le manque d’ouverture sur l’emploi. Quant aux licences pro, elles connaissent un certain engouement, mais sont parfois jugées trop pointues.

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