14 mars 2016

Dossier Keljob sur la diversité

Retrouvez l'intégralité du dossier:"La diversité en entreprise ça ressemble à quoi ?" sur le site keljob.


Tantôt confrontée aux contraintes de fonctionnement des entreprises, parfois victimes de stéréotypes culturels sur les métiers ou bien sujettes à des obstacles psychologiques intériorisés, la gent féminine doit faire face à de nombreux freins en matière d'évolution professionnelle. Mesdames, voici comment prendre votre carrière en main !

Savoir conjuguer vie privée/vie pro
Comme l'explique le Centre National d’Information sur les Droits des Femmes et des Familles (CNIDFF) : « Les femmes consacrent deux fois plus de temps que les hommes aux tâches domestiques et à la parentalité. Statistiquement, le temps d’une femme diffère donc de celui d’un homme, ce qui n’est pas sans conséquence sur la gestion de sa carrière professionnelle. » Première source de discrimination donc, la difficile conciliation entre vie pro et vie perso.
Pour y faire face, le télétravail est une solution de plus en plus plébiscitée qu'il ne faut plus hésiter à réclamer. « Un argument qui peut être appuyé par le simple fait qu'il est parfois plus facile de se concentrer chez soi qu'au bureau face aux nombreuses sollicitations, constate Garance Yverneau, responsable du cabinet de gestion de carrière au féminin 5A Conseil. La question du présentiel n'est pas si déterminante. Ce qui importe, c'est de savoir bien hiérarchiser ses priorités. Et pour les femmes qui s'occupent d'enfants, d'être efficace sans forcément rester jusqu'à 19h au bureau. » Autre problème récurrent, les réunions placées en fin de journée. « Il est primordial d'expliquer en quoi ces réunions ont un impact sur la culture de l'entreprise et sa rentabilité. Exclure une partie des collaboratrices se fait au détriment de l'efficacité », note Garance Yverneau.
"Les femmes vont être moins dans la compétition, dans une logique de pouvoir. Elles estiment presque que c'est un gros mot. Or, il faut accepter que l'entreprise soit un terrain de jeu."
Sortir du rôle de la bonne élève pour viser une promotion
Pour Garance Yverneau, les femmes doivent aussi apprendre à se rendre plus visibles en entreprise. « Elles rencontrent davantage de difficultés à mettre en avant leurs compétences et leurs expertises. C'est le symptôme de la bonne élève. Elles estiment que c'est en remplissant leurs objectifs, en travaillant de manière acharnée que l'on appréciera leur travail. Or ce n'est qu'une composante parmi d'autres qui permet d'être reconnue par sa hiérarchie. » Résultat, cela retarde l'accession à des postes de niveau supérieur. « À l'inverse, les hommes n'hésitent pas à valoriser leurs réalisations, à solliciter une augmentation, une promotion, relève Anne Quélennec, psychologue du travail. Puisqu’ils se proposent avant, ils saisissent les opportunités. Les femmes doivent apprendre à légitimer leurs ambitions : réussites, acquis... Même si elles pensent que ce n'est pas utile. » En d'autres termes, pensez à faire votre auto-promo !

Stop aux stéréotypes sur les métiers
Autre obstacle de taille : les préjugés sur les métiers dits masculins quand d'autres seraient soi-disant typiquement féminins. Selon Claire Saddi, fondatrice de l'incubateur Rhône-Alpes Pionnières : « ce constat est surtout culturel et dû au poids des croyances au moment de l'orientation. Les femmes vont avoir tendance à aller vers des filières qui les intéressent alors que les hommes réfléchissent davantage en matière de débouchés. Ils regardent les salaires, les secteurs porteurs. C'est pourquoi j'incite les femmes à se diriger vers d'autres secteurs comme le numérique ou le digital, car il existe une vraie méconnaissance de ces filières porteuses. Beaucoup seraient surprises de découvrir des métiers qui ne sont pas réservés aux geeks mais bien créatifs, ouverts au monde, comprenant un aspect relationnel. » D'autant que la filière regorge d'opportunités, notamment dans les start-up.

Comprendre et accepter les codes et challenges de l'entreprise
Outre les freins externes, Garance Yverneau pointe également du doigt un autre facteur : « les femmes vont être moins dans la compétition, dans une logique de pouvoir. Elles estiment presque que c'est un gros mot. Or, il faut accepter que l'entreprise soit un terrain de jeu. Il est décisif de comprendre ses règles, ses codes. » Sans quoi, difficile de savoir comment saisir une promotion, que telle personne est influente et qu'il est nécessaire de s'en faire un allié. « Les hommes ont plus de facilité sur ce terrain car ils vont mettre moins d'affectif dans leurs relations », ajoute-t-elle.

Faire face à la discrimination d'une parentalité
Le congé maternité est un autre temps fort à gérer dans la vie d'une femme. Souvent perçu comme un facteur bloquant, « il peut en réalité se transformer en opportunité à partir du moment où la femme prépare l'avant, le pendant et l'après, précise Garance Yverneau. En amont, il faut faire preuve de responsabilité en laissant ses dossiers terminés, en ayant formé son ou sa remplaçante. Pendant le congé, ne pas se couper à 100 % et garder un petit lien. Cela peut signifier par exemple un mail de temps en temps. Le congé permet aussi de bien réfléchir à sa carrière. » Enfin, pensez à préparer votre retour afin d'intégrer au plus vite votre poste !



Entre les réflexions du genre "dis-moi cocotte" ou "vous êtes charmante mais", les gestes déplacés ou certaines questions indiscrètes comme "comptez-vous bientôt avoir des enfants ?", les comportements machistes au travail sont encore légion. Quelle est la meilleure façon de réagir ? Keljob a interrogé plusieurs experts.

Des gestes, des paroles, des postures... Autant de comportements malheureusement courants et trop souvent dégradants. « Parfois même, cette somme de micro-discriminations peut être très violente pour la femme », relève Claire Saddy, président de l'incubateur Rhône-Alpes Pionnières et dirigeante de Tipi formation. D'autant que « tout le monde n'a pas le curseur placé au même endroit concernant ce qui est tolérable ou pas, constate Anne Quélennec, psychologue du travail. Il est donc parfois difficile d’en prendre conscience. »

"Quoi qu'il en soit, les femmes ne doivent jamais laisser traîner les choses. Sinon, un rapport malsain s'installe et l'homme ne comprendrait pas le jour où vous désireriez changer les choses."

Face aux phrases qui dérangent, l'humour comme répartie
On vous demande d'aller chercher le café car vous êtes la seule femme ? Ou bien un collaborateur rétorque "vous êtes charmante mais je ne suis pas d'accord avec vous" ? « Avec ce genre de petites phrases, les hommes n'ont parfois même pas conscience des comportements qu'ils renvoient, constate Garance Yverneau, responsable du cabinet de gestion de carrière au féminin 5A Conseil. D'où l'importance d'être subtile dans la réaction. Monter directement sur ses grands chevaux vous ferait rentrer dans un rapport de force stérile. » L'humour peut alors servir de relais pour remettre un interlocuteur à sa place et montrer que vous prenez de la distance par rapport à son comportement, comme l'illustre Claire Saddy. « Alors que je présentais une de mes collègues à un responsable en communication dans un aéroport, ce dernier la regarde de haut en bas avant de lui dire : "avec vous, on doit tout de suite décoller". Il s'agissait clairement d'une allusion sexuelle. Je lui ai répondu : "en tout cas, avec vous on reste à ras de terre." »


Surnoms déplacés : ne pas les laisser s'installer
Autre exemple, ce cadre condescendant qui a recours à un tas de surnoms déplacés. Une fois de plus, Anne Quélennec précise : « pas la peine de ruer dans les brancards. Pensez plutôt à évoquer de façon constructive que ce genre de remarque n'est adapté au monde professionnel. Car malheureusement, si un homme lève le ton on dira de lui qu'il est incisif, d’une femme, qu'elle est hystérique. Il faut donc user d'autres stratégies pour se faire entendre. » Outre l'humour, vous pouvez également avoir recours au machisme inversé. « C'est à dire, renverser les rôles, propose Anne Quélennec. Une manière de mettre en lumière le ridicule de la situation. » En cas de conflit, Garance Yverneau propose aussi : « d'avoir une vraie discussion avec la personne au lieu de l'attaquer. Et parler de son ressenti, cela me blesse, je me sens dévalorisée... »


Répondre aux petits gestes qui rabaissent
Un collègue vous passe le bras autour des épaules voire de la taille ? Si ce geste peut être perçu comme amical entre deux personnes qui se connaissent bien, « cela renvoie dans d'autres circonstances à une attitude paternaliste, note Claire Saddy. Une façon de se comporter de manière bienveillante, gentille mais rabaissant tout de même puisqu'il s'agit d'une attitude de domination. Encore une fois, l'homme ne comprendra pas forcément qui vous y répondiez de manière agressive. Il faut trouver la bonne répartie, par exemple, si vous êtes assise à côté de lui à ce moment là, lui dire que vous allez plutôt vous mettre en face », préconise-t-elle.


Être mère ne doit pas nuire à votre image
En matière de promotion interne, être mère ne doit pas être perçu comme un manque potentiel de disponibilité. « Le machisme ambiant freine la carrière des femmes. Que ce soit au moment de recruter ou pour un entretien par exemple, légalement il est interdit de demander si vous avez des enfants ou comptez en avoir. Cela induit que la femme va être moins disponible, moins efficace, plus attirée par sa vie familiale. Il serait toutefois dommage de se griller. Il est préférable d'expliquer que vous êtes consciencieuse et appliquée et que votre gestion du temps sera juste différente. »


Ne pas hésiter à en parler autour de soi
Enfin, en cas de doute, comme l'explique Anne Quélennec : « dès lors que vous vous posez la question, c'est que la ligne a peut-être été franchie. Il ne faut pas hésiter alors à en parler avec d'autres personnes de confiance. » Il peut s'agir d'un psychologue, du médecin du travail, d'un représentant syndical voire d'un(e) collègue pour lui demander s'il ou elle juge la situation normale. « Quoi qu'il en soit, les femmes ne doivent jamais laisser traîner les choses. Sinon, un rapport malsain s'installe et l'homme ne comprendrait pas le jour où vous désireriez changer les choses », conclut la psychologue du travail.

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