Retrouvez l'alerte lancée par Marie Pezé directement sur le site Souffrance et Travail
"Nous ne pouvons pas assister en nous taisant à cette vague de patients en état de crise psychique aigue qui déferle dans nos consultations toutes saturées! Ou bien dans les cabinets de généralistes, de spécialistes, aux infirmeries des entreprises, en visite spontanée chez les médecins du travail! Tous les jours, à toute heure, tous ces patients en larmes, en poussée d’hypertension, au bord de la violence, éreintés…
C’est quoi ce pays où les assistantes de direction expliquent qu’elles travaillent à s’en faire éclater le cœur? Où des cadres de l’Assistance Publique font des malaises cardiaques et sont hospitalisés en réanimation! Où des médecins généralistes, des policiers, des chefs d’entreprise, des agriculteurs, ect..se suicident! Où des rédacteurs en chef expérimentés s’effondrent en larmes en réunion! Où des directeurs financiers veulent étrangler leur dirigeant! Où des salariés se jettent par les fenêtres! Des chômeurs s’immolent par le feu! Sans parler de tous ceux qui vont travailler la peur au ventre…
Ces salariés qui craquent sous des formes multiples mais toujours de façon brutale n’ont pas d’antécédents psychiatriques, en sont rendus au bord de l’explosion physique ou psychologique par des pressions de tous ordres, temporelles, cognitives, morales, mais loin, tellement loin du travail qu’ils ont quand même à faire, tout en se faisant traiter de paresseux, d’inorganisé, de sénior, de résistant au changement! Le changement, c’est 10 fois par seconde dans le monde du travail avec des ordres, des contre-ordres, du travail mal fait et ça rend fou.
Assez!
de ne pas pouvoir faire le lien entre le travail et ces états traumatiques parce qu’il n’y a pas de tableau de maladies professionnelles psychiques.
Parce que la caisse d’assurance maladie n’a pas à supporter le coût colossal de cette dérégulation collective, parce que sans le retour vers l’entreprise rien ne pourra changer, nous vous rappelons qu’on peut déclarer en accident du travail ces traumatismes psychiques aigus sous l’intitulé Réaction Aigue à un Facteur de Stress (code F 43-0 dans la classification internationale des maladies (CIM 10) ).
Ces modalités de prise en charge du traumatisme psychologique au titre des accidents du travail sont précisées dans la lettre réseau 2011 de la caisse nationale d’assurance maladie à ses directeurs et médecins conseils.
Alors et alors seulement, les membres du CHSCT, dont une des missions est la prévention des risques professionnels, pourront en faire l’arbre des causes; et si plusieurs salariés en sont atteints dans un service, questionner l’organisation du travail dans ce qu’elle a de pathogène.
Alors et alors seulement, le salarié pourra cesser de penser qu’il n’a pas été à la hauteur, qu’il a été faible, fragile.
Le salarié français est troisième en productivité horaire au rang mondial. Ce n’est pas le salarié paresseux qu’on nous décrit mais un salarié le dos au mur!
Le chef d’entreprise doit déclarer un fait accidentel, la loi le lui impose. S’il n’est pas d’accord, il le signale et l’argumente auprès de la caisse. S’il refuse la déclaration, nous rappelons qu’un salarié peut télécharger le triptyque (lien vers pdf) sur le site ameli.fr et envoyer sa déclaration d’A.T. avec un courrier explicatif, un certificat médical, des témoignages de collègues présents, un rapport de pompiers, ect.
La CPAM enverra ses enquêteurs qui statueront. Mais dans le cadre de la prévention des risques psychosociaux et parce que pèse sur l’employeur l’obligation de protection de la santé physique et mentale de ses salariés (L 4121), ce dernier a tout intérêt à débattre collectivement dans son entreprise, avec les acteurs paritaires, des situations de travail génératrices de stress aigus, pour ses salariés comme pour lui-même."
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire