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Le CDI est de plus en plus imposé aux
saisonniers à la place du CDD. Il permet à l'employeur d'éviter la
prime de précarité. Mais cette pratique est illégale.
Glacier, petit job de l'été © AFP
PHOTO / TIZIANA FABI
Si difficile à obtenir après ses
études, le CDI est devenu le saint-graal pour beaucoup de jeunes
précaires. Pourtant, gare aux pièges. De plus en plus d'entreprises
signent des contrats à durée indéterminée à la place de CDD. La
période estivale, propice aux petits jobs, est particulièrement
révélatrice de ce phénomène. En effet, il semblerait que de plus
en plus d'employeurs embauchent des saisonniers en CDI, selon un
article publié dans Le Parisien ce lundi 06 août.
Pour les entreprises, le CDI coûte
moins cher et est moins rigide qu'une CDD. Ainsi, contrairement au
CDD, la rupture de CDI ne donne pas droit à la prime de précarité,
et chacune des deux parties peut mettre fin sans motif au contrat au
cours des deux mois de période d'essai. Avec un contrat à durée
déterminée, la période d'essai est plus courte et proportionnelle
à la durée du contrat. Un employeur qui souhaite ainsi embaucher un
jeune pendant les mois de juillet et août peut donc mettre fin au
CDI au bout de deux mois sans se justifier et sans payer la prime de
précarité. "On peut parler à la fois d'abus de droit, car le
contrat n'est pas adapté et d'abus de faiblesse, car les jeunes
n'ont souvent pas connaissance des règles protectrices du droit du
travail et en particulier des règles applicables au CDD",
explique Me Alexis Sobol.
"Tu démissionnes et tu reviens
l'été prochain"
D'après la CGT Commerce, les secteurs
les plus touchés sont la restauration et le petit commerce dans les
zones touristiques. Grégory Crochemar, 25 ans, commis de cuisine a
été victime trois fois de cette combine :"J'avais signé un
CDI. J'ai enchaîné deux mois dans un grand hôtel et fin août, la
direction a attendu le dernier moment pour m'annoncer que je ne
continuerai pas. Ils m'ont dit que je manquais de motivation".
Le géant américain de la mode, Abercrombie & Fitch, qui possède
une boutique sur les Champs-Elysées, use et abuse de CDI pour des
étudiants appelés en renfort pour l'été. "Les recruteurs
d'Abercrombie expliquent le deal dès la signature du CDI. Ils disent
aux jeunes: Tu démissionnes quand tu rentres à l'université et tu
reviens l'été prochain si tu veux", rapporte Karl Ghazin,
secrétaire général de la CGT Commerce.
Mais agir de la sorte est risqué pour
les entreprises. Selon Philippe Axelroude, avocat spécialiste du
droit du travail, "si l'employé va au prud'hommes, l'employeur
devra alors expliquer que le CDI était en fait prévu sur un poste
temporaire, et se retrouvera dans l'illégalité." Au total, la
société condamnée pourrait débourser jusqu'à 3 mois de salaire.
Mais finalement peu d'étudiants sont prêts à poursuivre devant la
justice ces employeurs qui jouent avec les règles du code du
travail, car si peu connaissent leurs droits de salariés.
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