Affichage des articles dont le libellé est hopital. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est hopital. Afficher tous les articles

26 octobre 2012

Ce mal qui ronge les infirmiers

Retrouvez l'article d'Aveline Marques sur le site Espaceinfirmier.com


© Maridav - Fotolia.com

Jeudi 25 octobre, dans le cadre du Salon infirmier, la Coordination nationale infirmière a présenté les résultats de sa seconde enquête sur le stress des soignants. Décryptage.  


Ce n'est pas un scoop : le métier d'infirmier est stressant. Mais, pour sensibiliser les employeurs et les décideurs politiques, « il ne suffit pas d'annoncer des évidences. Il faut des éléments chiffrés », constate Nathalie Depoire, présidente de la Coordination nationale infirmière (CNI). Une nécessité qui a poussé le syndicat, en 2011, à proposer aux soignants un questionnaire en ligne sur le stress au travail. Jeudi 25 octobre, dans le cadre du Salon infirmier, à Paris, devant une salle comble, la CNI a présenté les résultats de l'édition 2012 de son enquête, enrichie de nouvelles questions.

Les femmes davantage stressées
Au total, le Dr Geneviève Coulombier, médecin de santé au travail au CHU de Poitiers, a décortiqué 5 758 questionnaires. Les infirmiers étaient notamment invités à évaluer leur stress sur une échelle de 1 à 10. Résultats : en moyenne, leur stress professionnel s’élève à 6,08, contre 6,56 en 2011 et leur stress personnel à 4,11, contre 4,14. Dans la mesure où seules quelques centaines d'infirmiers ont participé à la précédente enquête, la comparaison n'est pas significative, a précisé le médecin. Plusieurs tendances semblent néanmoins se dessiner. « Les femmes se font plus de souci au boulot », a constaté Geneviève Coulombier : 6,10 en moyenne, contre 5,69 pour les hommes. Les infirmiers libéraux (4,61), scolaires (4,57) et territoriaux (4,42) sont les plus stressés sur le plan personnel, tout comme les étudiants (4,60).Le poids des responsabilitésLa confrontation à la mort, à la douleur aigüe ou à des problèmes sociaux difficiles favorise le stress : les infirmiers ayant déclaré être souvent confrontés à la mort ont évalué leur stress professionnel à 6,50, contre 5,83 pour ceux qui n’y sont que rarement confrontés. Les difficultés liées à la prise en charge des patients sont également angoissantes : les soignants estimant être trop rarement disponibles ont rapporté un stress de 6,71 sur 10, alors que chez ceux qui sont toujours disponibles, le stress retombe à 4,07. De même, les infirmiers satisfaits de cette prise en charge déclarent un stress moyen inférieur à ceux qui sont généralement insatisfaits (4,46 contre 7,16). Quant aux difficultés à faire face aux responsabilités, plus elles sont fréquentes, plus le stress est important (7,72 contre 5,20). Mais, seuls 36 % des infirmiers s’estiment concernés.

Il sont, en revanche, 63 % à faire état de difficultés d’organisation et 58,3 % à rapporter des glissements de tâches fréquents. 50,4 % déplorent un manque de temps et 42,6 % manquent de matériel de façon permanente. Par ailleurs, 56,7 % déclarent travailler dans le « brouhaha » : bruit, sollicitations intempestives, ect. « Une ambiance qui parisite » et provoque des difficultés de concentration, pouvant « entraîner des erreurs dans la prise en charge », estime Sandrine Bouichou, membre de la CNI et infirmière au CHU de Poitiers.

« La seule échappatoire, c’est l’arrêt maladie »
Au contraire, les relations au travail sont des facteurs essentiels de bien-être pour les soignants. Les infirmiers se sentant soutenus psychologiquement par leurs collègues sont en moyenne moins stressés que ceux qui ne le sont jamais (5,65 contre 6,82). « La reconnaissance du travail par le cadre est importante », remarque le Dr Geneviève Coulombier. Quand elle est fréquente, le stress tombe à 5,05, contre 7,01 quand elle est absente. La prise en considération de l’avis du soignant par le médecin et la possibilité de s’exprimer ont également un impact positif. « Des petites phrases de reconnaissance de temps en temps permettent de positiver, de valoriser au quotidien », estime Sandrine Bouichou.« On s’en fout de nous, du moment qu'on est là, présent sur le planning », lâche une infirmière dans la salle, qui fait état de « burn out » dans son service. « On ne trouve jamais de solution. La seule échappatoire, c’est l’arrêt maladie », déplore-t-elle. « Il est important d’écrire, de garder une traçabilité. Il y a des leviers à actionner ensemble », souligne Nathalie Depoire. Pour la présidente de la CNI, le récent appel à projets lancé par la DGOS sur les risques-psychosociaux dans les établissements de santé est un premier pas vers la prise de conscience des pouvoirs publics. La route est encore longue.

03 décembre 2010

écouter: Nicolas Belorgey à propos de son livre L'hôpital sous pression. Enquête sur le « nouveau management public » (Anne Quélennec,psychologue Quimper)

écouter:



Ecoutez l'émission60 minutes

Jacques Munier s'entretient avec Nicolas Belorgey, A plus d'un titre, 01.12.2010




entretien: Frédéric Pierru, Nicolas Belorgey, propos recueillis par Almendros Cécile, « Les mots des réformes », L'infirmière magazine, n°266, 2010, p. 36-37


Nicolas Belorgey
L'hôpital sous pression
Enquête sur le « nouveau management public »
Collection : Textes à l'appui / Enquêtes de terrain
La Découverte
2010


Présentation de l'éditeur
Depuis des décennies, les pouvoirs publics français s'efforcent de « réformer » l'hôpital, afin notamment d'en mieux « maîtriser » les dépenses. Ils ont de plus en plus recours aux outils du « nouveau management public », cet ensemble d'idées et de pratiques visant à importer dans le secteur public les outils du secteur privé : indicateurs de « performance », benchmarking, « responsabilisation » des professionnels, etc. Ces innovations rencontrent l'opposition d'une partie du personnel hospitalier, selon qui elles creuseraient la tombe du système de protection sociale. À l'inverse, leurs promoteurs dénoncent des résistances qui ne pourraient provenir que d'une forme d'attachement à un passé révolu ou de corporatisme ; ces modernisations permettraient au contraire de sauver un système bien mal en point. En quoi consistent donc réellement ces réformes managériales et quels sont leurs effets sociaux ?
Pendant quatre ans, pour répondre à cette question, l'auteur de ce livre a mené une enquête approfondie dans des services de soin, en particulier des services d'urgence, ainsi que dans une agence réformatrice proche du ministère de la Santé et dans des cabinets de conseil. Il a ainsi endossé différents rôles : stagiaire dans les services administratifs des hôpitaux, étudiant de passage dans les services de soin, étudiant en gestion ou consultant junior auprès des réformateurs... Au travers d'observations directes, de l'exploitation inédite de données statistiques et d'une centaine d'entretiens, il livre ici une vision originale des processus à l'œuvre dans les hôpitaux. Il montre notamment que l'appropriation par les soignants des nouvelles normes préconisées par les réformateurs dépend beaucoup de la trajectoire professionnelle et sociale de chacun d'eux. Et il révèle quelques effets inattendus des réformes, dans un des services hospitaliers parmi les plus « avancés » sur leur voie.

Nicolas Belorgey est postdoctorant au Centre Maurice-Halbwachs (CNRS-EHESS-ENS). Il y a soutenu une thèse de sociologie dont est tiré ce livre.

http://pierrebourdieuunhommage.blogspot.com/2010/12/ecouter-nicolas-belorgey-propos-de-son.htmlhttp://pierrebourdieuunhommage.blogspot.com/2010/12/ecouter-nicolas-belorgey-propos-de-son.html