Certains connaissent peut-être déjà la première édition de ce livre passionnant paru en 2008, d'autres ont pu voir le film-documentaire éponyme qui ne peut que faire réfléchir, que l'on soit salarié, élu du personnel, DRH, manager et surtout psychologue, inspecteur ou médecin du travail.
Pour ceux qui ne connaissent ni l'un ni l'autre, c'est un ouvrage rédigé par Marie Pezé, psychologue qui a ouvert la consultation "Souffrance et travail" en 1997 dans les Hauts-de-Seine. C'est le récit de parcours de salariés, des mécanismes organisationnels qui les ont abimés, parfois détruits. C'est aussi le constat des dégâts catastrophiques que provoque la précarisation du marché de l'emploi alliée à des politiques managériales fondées sur l'intensification permanente du travail (ou plutôt l'augmentation constante des objectifs), l'isolement et la mise en concurrence des salariés, mais également une forme de "soumission" de la part des salariés. Ce qui est dévoilé également ici, ce sont les impasses tragiques dans lesquelles se retrouvent ses salariés, les engrenages implacables qui les entraînent et les culpabilisent.
Marie Pezé n'a pas une fonction facile. Elle doit faire preuve de neutralité alors que tout ce qu'elle décrit pousse à un sentiment de révolte, une envie de prendre fait et cause pour ces accidentés du travail, une impression d'injustice pas suffisamment combattue par notre société. Elle y parvient néanmoins, grâce à un travail pluri-disciplinaire et la rencontre des différents acteurs du marché du travail.
Ce livre est aussi une sonnette d'alarme: on parle désormais un peu plus en France de harcèlement moral, de suicides sur le lieu de travail, mais la notion de karoshi reste méconnue tout en étant une réalité qui ne menace pas que les salariés japonais... C'est l'occasion pour les managers d'envisager une réorientation de leur politique RH aussi bien d'un point de vue éthique que rationnel, en évitant ainsi arrêts de travail, absentéisme, démission et accidents du travail...
J'en profite pour vous proposer de lire l'article du Monde datant du 24 juillet 2010, qui est assez sidérant: cf article.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire