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29 septembre 2014

Lire "L'emploi, j'y crois !" : le livre témoignage d'une ex-chômeuse

Je n'ai pas encore lu ce livre mais cet entretien semble intéressant...

Photo Ouest-France



Aujourd'hui conseillère à Pôle emploi, elle accompagne les exclus du marché du travail. Et défend des méthodes innovantes, humanistes, dévoilées dans un livre-manifeste. 

Vous êtes arrivée à Pôle emploi après une période de chômage...

J'étais moi-même conseillère en insertion professionnelle et en recherche d'emploi. J'ai été là au bon moment, début 2013. On nous appelle, en interne, les héros en référence aux postes débloqués par Jean-Marc Ayrault, alors Premier ministre, pour faire face à l'afflux des chômeurs aux guichets.

Vous plaidez pour une méthode d'accompagnement bâtie autour de l'empathie ?

La confiance est la base de la relation humaine. C'est bien d'avoir une relation forte avec le demandeur d'emploi. C'est ce que j'appelle la méthode silencieuse. On ne peut pas travailler en tant que conseiller si on n'a pas une fibre sociale. Je suis privilégiée. Je fais de l'accompagnement personnalisé avec un portefeuille de soixante-dix demandeurs d'emploi seulement. Certains de mes collègues en ont deux cents.

Tout repose sur l'estime de soi ?

Exactement. Je travaille beaucoup sur le savoir être, la valorisation de la personne. Il s'agit de la redynamiser en permanence et, surtout, de lui redonner confiance en elle. Le but, c'est de former un duo, une alliance de travail.

Votre premier conseil ?

Il faut repartir de zéro, du CV, de la lettre de motivation, c'est la priorité ! Cette lettre ne doit pas être standardisée. Mieux vaut cibler ses candidatures. Au lieu d'en faire cent, en faire dix parfaitement préparées où l'on parle de soi mais aussi de l'entreprise après s'être bien renseigné sur elle.

En restant positif...

C'est fondamental. Si le demandeur ne croit pas en ses compétences, le recruteur non plus ne croira pas en lui. J'ai le souvenir d'une secrétaire au chômage depuis trois ans, à qui un conseiller avait dit qu'elle était trop vieille pour trouver un emploi. Au début, elle était très négative. Je lui ai beaucoup parlé, je lui ai dit qu'elle était la même personne que quand elle travaillait, et quand je lui ai serré la main à la fin de l'entretien, elle m'a souri pour la première fois. J'ai vu dans son regard qu'elle avait repris espoir. Deux mois plus tard, elle retrouvait un travail.

La communication passe essentiellement par le non-verbal ?

L'image qu'on renvoie de soi est essentielle même si l'habit ne fait pas le moine. Il faut que le recruteur vous imagine dans le poste. C'est pourquoi, il est absolument nécessaire d'être présentable pour les entretiens. Cela coule de source mais une tenue propre, adaptée, irréprochable et c'est déjà un début de victoire.

Comme travailler son réseau de proximité ?

Il est important de parler de sa situation à tout le monde, à sa famille, ses amis, ses voisins mais aussi aux associations, aux commerçants de sa rue, de son quartier. On n'est jamais à plus de trois contacts de son futur employeur.

Comment y parvenir sans céder au découragement ?

Il ne faut surtout pas rester isolé. Sinon, il ne va rien se passer. Aller au contact des autres, c'est enrichissant, ils ont beaucoup à vous apporter.

Comme votre entourage proche ?

C'est le soutien indispensable. Il ne doit pas changer son regard sur vous. Être au chômage, ce n'est pas une honte. Travailler au même endroit toute sa vie, ce sera exceptionnel à l'avenir. Il faut donc dédramatiser le chômage et le prendre comme un passage pour rebondir, pour réfléchir sur son avenir, pour se bonifier.

Grâce à des outils spécifiques ?

Dans mon agence, à Pôle emploi, nous avons mis en place une formule articulée autour d'un atelier « Réseau » et d'un atelier « 5 minutes pour convaincre », avec un entretien individuel entre les deux. À la fin de cette formation, le demandeur d'emploi est capable de se présenter en trente secondes de manière efficace pour susciter l'intérêt de son interlocuteur. Le directeur d'agence nous a laissés faire et, quand il a vu que ça fonctionnait, il a insisté pour qu'on transmette notre savoir-faire aux autres conseillers. Le dispositif, destiné aux chômeurs en difficulté, enregistre un taux de retour à l'emploi de 70 % au bout de trois mois.
Pour lutter contre le chômage, il faut inventer sans cesse des solutions, petites ou grandes.
Faire preuve de bons sens aussi. Parfois, il suffit d'un rien pour remettre quelqu'un dans l'emploi.

Finalement, c'est aussi l'affaire de chaque citoyen ?

Il nous faut être des consomm'acteurs dans la vie de tous les jours. Tenez, par exemple, nos actes d'achat ont des incidences sur l'emploi. Il ne s'agit pas de boycotter la vente en ligne et de tourner le dos au progrès mais de diversifier ses sources d'approvisionnement auprès des commerces de proximité, sur les marchés. La lutte contre le chômage est entre les mains de chacun.

Pour en sortir, croyez-vous aux candidatures spontanées ?

Ce marché dit caché représente 80 % des offres. C'est pourquoi j'insiste toujours sur l'importance du réseau pour avoir vent d'une offre qui n'existe pas sur la toile.

Quant à l'inversion de la courbe du chômage ?

Elle s'inversera avec le retour de la croissance et si Pôle emploi, les missions locales, les entreprises collaborent en bonne intelligence. On en est loin alors que le chômage est une cause nationale.

Qui engendre désespérance et violence...

J'ai des collègues qui y sont confrontés à Pôle emploi. Nous sommes formés aux techniques de gestion de conflit mais c'est difficile quand on a en face de soi des personnes dans l'épreuve et en grande précarité. Je pense aux chômeurs de longue durée, aux personnes qui cumulent les handicaps.

Aux jeunes et aux seniors ?

Bien sûr. C'est pourquoi le contrat de génération est en soit une bonne idée. Même si le principe de favoriser l'embauche d'un jeune avec le maintien d'un senior dans l'emploi grâce à une aide financière de l'État, je l'aurais bien utilisé dans l'autre sens, à savoir l'embauche d'un senior avec le maintien dans l'emploi d'un jeune.

Sur fond d'une absolue nécessité de formation ?

À tout âge, c'est la voie qui permet de rebondir dans sa vie professionnelle. Mais on pourrait remédier en partie au chômage des jeunes en menant des actions plus fortes dans les collèges. Ce serait bien que des conseillers des missions locales y aillent pour sensibiliser très tôt les jeunes à certains métiers avec des professionnels. Je crois fort à l'apprentissage, à l'alternance. Le bac généraliste n'a aucune valeur sur le marché du travail. Il faut une employabilité à la sortie des études. Quelles qu'elles soient.
 

Bio

Après un parcours atypique, traversé de périodes de chômage, Laurence Boulieu, 49 ans, mariée et mère de deux enfants, a été embauchée en mai 2013 à Pôle emploi dans le cadre du dispositif Ayrault, parmi un bataillon de 2 000 conseillers recrutés d'urgence pour faire face à l'afflux de demandeurs d'emplois aux guichets.

Grâce à sa vision empathique des relations humaines et à son expérience vécue des deux côtés du bureau du conseiller à l'emploi, elle tente d'apporter son aide précieuse aux personnes en difficulté. Avec une idée-force : leur redonner confiance. Elle propose aussi dans son livre une liste de plus de 700 sites utiles pour trouver sa voie, déposer des candidatures ou créer son entreprise.

2014. Parution de L'emploi, j'y crois !, Michalon, 189 pages, 15 €.

192 pages
15 €
ISBN :
9782841867585
en librairie le 4 septembre 2014

L’emploi, j’y crois !

Après son parcours atypique traversé de périodes de chômage et sa vision empathique des relations humaines, Laurence Boulieu a postulé chez Pôle emploi et y est désormais conseillère. Elle nous livre ses conseils pour réintégrer rapidement le monde du travail. Son optimisme et son souci de valoriser les bénéficiaires qu’elle reçoit font d’elle une aide précieuse pour ceux qui perdent confiance en leurs capacités à retrouver un emploi. Un témoignage utile et positif sur une institution souvent décriée. Or, grâce à son expérience vécue des deux côtés du bureau du conseiller à l’emploi, Laurence Boulieu constate que respect et efficacité font partie des valeurs partagées par ses collègues et qu’un vent de renouveau se lève sur Pôle emploi ! Elle propose également une liste de plus de 700 sites utiles pour, entre autres, trouver sa voie, déposer des candidatures ou créer sa propre entreprise.

06 juin 2013

Lire l'article: On m'oblige à leur mentir


Manager, on vous oblige à mentir à vos équipes ? Retrouvez mes conseils et ceux de Jean-Yves Catin ce mois-ci dans le magazine Courrier Cadres & Dirigeants !

Article: On m'oblige à leur mentir... , de Julie Tadduni, Courrier Cadres & Dirigeants n°72 (juin 13), p.70-71

27 août 2012

A lire l'article de Laurent Saussereau, Plaisir et travail : une approche alternative aux risques psychosociaux ?


Retrouver cet article sur le site des Echos.

Travail : du latin populaire "tripalium" qui désignait un instrument d’immobilisation (et éventuellement de torture) à trois pieux. On appelle encore "travail" un appareil servant à immobiliser les chevaux rétifs pour les ferrer ou les soigner.

L’engagement au travail
Les entreprises sont de plus en plus nombreuses à se soucier du niveau d’engagement de leurs employés, convaincues que ce niveau d’engagement est un des leviers clés de leur performance. Pour le mesurer, nombre d’entre elles déploient annuellement des sondages internes (commitment survey) pour en mesurer le niveau et établir des "benchmarks" avec les entreprises de leur secteur. Or sans énergie, pas d’engagement !
Bien que rares, certaines entreprises commencent à prendre en compte cette approche "énergétique" de l’entreprise, la considérant comme un système vivant, un espace d’échange de flux (Joel de Rosnay, "Surfer la vie").
Si du niveau d’engagement dépend la performance de l’entreprise, du niveau d’énergie dépend le niveau d’engagement. La performance est donc directement liée au niveau d’énergie des individus qui la compose. Des études menées par le mouvement de psychologie positive né aux USA dans les années 90 ont porté sur ces notions d’énergie, de dynamique de motivation et de déclencheur de bonheur. L’un des fers de lance de cette approche, le psychologue Hongrois Mihály Csíkszentmihályi (1), montre que deux facteurs élèvent le niveau d’énergie : la peur, le plaisir.
Le salaire de la peur
Notre éducation nous a souvent conditionnés à fonctionner sur la peur : peur de l’échec, de la sanction, de manquer, de perdre, du jugement… Comme le montre Yann Algan (2) dans son ouvrage "La fabrique de la défiance", nous avons été conditionnés – et en particulier en France – à un modèle relationnel fondé sur la défiance et la peur de l’autre (potentiel compétiteur ou prédateur), la peur de l’étranger.
Or la peur a 3 conséquences, ce que nous appelons les "3F" :
1 - Freeze : c’est l’inhibition, l’immobilisme total.
2 - Fly : l’individu s’enfuit physiquement ou psychologiquement, c’est la démission pouvant en cas extrême conduire au suicide.
3 - Fight : c’est le combat, le début de la violence déclenchée par la colère.
La peur est l’énergie dominante dans l’entreprise, et dans le monde professionnel en général à la fois par le conditionnement que nous avons eu dans notre éducation et par la logique de défis permanents qu’elle pratique en donnant des objectifs toujours plus élevés et des moyens souvent plus restreints. Cette peur sans relâche conduit généralement à l’épuisement des forces vitales des individus se traduisant par le "burnout" des cadres, l’absentéisme, les arrêts de travail pour maladie ou accidents… Le tout pesant – d’après les organismes de sécurité sociale – près de 50 milliards d’euros pour 2011. La note de la logique de performance conduirait-elle alors à une sous-performance sociale ?
Le plaisir, pourquoi pas ?
Peut-être à cause de son étymologie, le travail semble souvent antinomique de la notion de plaisir. Il est même souvent tabou dans l’entreprise et nous avons eu souvent l’occasion de rencontrer une forte résistance à l’utilisation quasi interdite de ce terme dans certaines d’entre elles.
Le plaisir est cette sensation que nous connaissons tous, ce moment où le temps n’existe plus et où, pris dans un flux d’énergie vitale (ce que Mihály Csíkszentmihályi appelle "The flow"), nous donnons le meilleur de nous dans la tache accomplir.
En interrogeant des collaborateurs d’entreprises différentes sur ce qui génère pour eux du plaisir dans le travail, ceux-ci expriment :
- Les moments de lien : rencontre avec leurs collègues, travail en équipe, cafétéria ou cantine…
- La fierté du travail bien fait.
- Le sentiment d’être utile.
- Pouvoir créer, apporter de soi.
- Le lien de confiance avec le supérieur.
Le salaire n’est que rarement cité.
Cette notion de plaisir est très fortement ancrée dans les attentes de la génération Y ou "Digital Natives" nées après 1990 et qui commencent à arriver dans les entreprises. Ils bouleversent les valeurs, recherchent l’enrichissement de l’expérience au travers de l’interaction avec les autres différents d’eux. Le lien, le sent, avoir un rôle est au cœur de leur besoin. Génération "gaming", ils considèrent le travail comme un jeu et fuient les luttes, le pouvoir et la compétition.
Sortir de la souffrance
Si l’on croit que l’homme n’est pas fait pour la souffrance, mais bien pour vivre heureux, alors peut-être est-il temps de considérer comment l’entreprise dans laquelle nous passons plus de 7 années de notre vie en temps cumulé peut elle devenir un lieu de plaisir, un lieu contribuant à ce que L. Ferry (3) appelle une "vie bonne".
La plupart des actions menées dans les entreprises aujourd’hui le sont autour des risques psychosociaux et donc centrés sur le problème et en particulier le stress. En se centrant ainsi sur le problème, ne risque-t-on pas de le renforcer ? D’avoir en conséquence un accroissement de ces mêmes risques psychosociaux.
Et si l’approche était alternative, une approche centrée sur la recherche des conditions du plaisir, du bonheur ? La première étape serait alors sans doute de réhabiliter le terme dans l’entreprise et pour ce faire l’enjeu est avant tout culturel.
Et si on écoutait les jeunes ?
La génération Y qui arrive dans les entreprises sera peut-être l’élément déclencheur de ce changement de culture pour notre plus grand plaisir à tous…
(1) Vivre : "La psychologie du bonheur", Mihály Csíkszentmihályi.
(2) "La société de défiance", Yann Algan, Pierre Cahuc 10/2007.
(3) "Qu’est ce qu’une vie réussie ?", L. Ferry, Paris Grasset 2002.