30 janvier 2013

A voir: Sauf le respect que je vous dois

Diffusé sur LCP, le 02/02/13 à 17h et le 10/02/13 à 14h

Réalisé par Fabienne Godet (2006)
Avec Olivier Gourmet, Dominique Blanc, Julie Depardieu, Marion Cotillard, Jeffrey Barbeau, Jean-Michel Portal, Jean-Marie Winling, Pascal Elso, François Levantal.
Durée : 1h30.

Synopsis
Après avoir pris en chasse les trois occupants d'une voiture, un automobiliste s'arrête sur le parking d'un hôtel-restaurant, où il tente de reprendre ses esprits. Il est alors abordé par une jeune femme, qui lui demande de bien vouloir la conduire à la gare... Quelque temps plus tôt. La quarantaine, François Durrieux vit à Nantes avec son épouse, Clémence, et leur fils unique, Benjamin. Cadre supérieur dans une imprimerie locale, il se soumet sans broncher au rythme de travail soutenu imposé par le directeur, Dominique Brunner. Son ami Simon Lacaze, qui refuse de sacrifier sa vie privée, est d'ailleurs le seul employé à oser s'opposer à certaines des directives patronales...

À 40 ans, François a tout pour être heureux, une famille, un travail, des amis... Mais un tragique événement au sein de son entreprise va remettre en question les principes qui régissaient sa vie. François saura-t-il se réveiller et refuser ce qu'il juge maintenant intolérable ?

Bande annonce



Avis représentatif

Dans un petit bled, là où l'entreprise garantit l'emploi à proximité, un patron proche de ses collaborateurs qui peut se révéler un tyran dès lors qu'il n'y a plus aucun répondant face aux premiers abus de pouvoir, seulement l'explosion à retardement de colères trop longtemps contenues. Tous les ingrédients sont réunis pour que le boulot vienne transpirer dans tout ce qu'on fait. J'ai trouvé un peu caricatural cette peur de l'employé de dire ce qui ne va pas : par exemple, si le boss propose une façon de travailler qui sature, désolée mais il y a toujours possibilité de donner sa limite aussitôt afin de négocier un compromis au lieu d'obéir comme un bon petit soldat et attendre ensuite de péter les plombs. On peut encore se réfugier en maladie quand l'ambiance devient insupportable, demander de l'aide au médecin du travail, en tous cas s'extraire du bourbier momentanément pour ne pas devenir fou... La scène avec les deux crayons est insoutenable. Si ce film peut tirer la sonnette d'alarme de ceux qui n'osent jamais rien et préfèrent se détruire à petit feu, alors il sera utile.

Entretien avec Fabienne Godet réalisé par Dominique Widemann(extrait)Peut-on dire qu’il y a dans ce film deux suicides, l’un réel et l’autre social ?

Fabienne Godet. Il y a même d’autres morts. Certains spectateurs me disent qu’après un licenciement, tout le monde ne se suicide pas. Je crois qu’il existe de très nombreuses manières de se détruire. De la même façon, je voulais que le suicide de Simon, qui se déroule sur son lieu de travail, soit violent pour le spectateur, même si en réalité on n’en voit pas grand-chose. Il y a une telle banalisation de la violence au cinéma ou à la télévision qu’elle finit par anesthésier. Un choc me semblait nécessaire pour comprendre la violence de la réaction de François.

Pourquoi avez-vous choisi cette particularité narrative qui fait commencer le film au moment où François déjante, précédant ainsi l’histoire qui l’a conduit là ?

Fabienne Godet. L’écriture de ce film a duré deux ans, pendant lesquels elle a connu beaucoup de transformations. Le départ par un point de rupture est resté une donnée intangible. Je m’intéresse beaucoup aux faits divers, je conserve les coupures de journaux. On rend rarement compte de la réalité de ce qui se joue dans ces faits divers. Avant que les gens explosent, il y a toujours une violence subie.

Les souffrances des cadres émergent dans nombre de statistiques. La semaine dernière est sorti un documentaire sur le sujet : Ils ne mourraient pas tous, mais tous étaient frappés. Pourquoi avoir opté pour la fiction ?
Fabienne Godet. Mon expérience personnelle m’a rendue trop sensible. Il me fallait la distance de la fiction. J’ai finalement réalisé une sorte de documentaire sur moi-même. J’ai préféré passer par le biais de l’émotion, des ellipses qui lui laissent place. Lorsque je travaillais à l’accompagnement des mourants, je n’offrais jamais de références théoriques. Je conseillais des films ou des romans qui me semblaient susceptibles de permettre aux gens de se retrouver, de s’appartenir à nouveau. Avec Franck Vassal, mon coscénariste, nous avons commencé par écrire sur le thème de l’aliénation et de la rébellion de manière abstraite. Le réel nous a rattrapés. Nous nous sommes mis à poser des questions existentielles à partir de ce que nous connaissions. Je ne crois pas que la concomitance d’Ils ne mourraient pas tous… et de mon propre film soit une coïncidence.

Source de l'interview: http://agora.qc.ca/thematiques/mort/dossiers/sauf_le_respect_que_je_vous_dois

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