20 décembre 2011

Conférence débat sur la souffrance au travail


Organisateur : SoliCités
Contact : Nathalie Delay
Autre contact : Claire Hincelin
Téléphone : 01 69 56 53 88
Date : 26/01/2012
Heure : 20h00
Lieu : Viry-Chatillon - Essonne (91)
Conférence-débat : La souffrance au travail
Pression, horaires décalés, bruit, surcharge de travail, mis au ban, harcèlement... la souffrance au travail peut prendre des formes diverses, physique ou psychologique et peut toucher tout le monde, de l’ouvrier à la direction. Comment prévenir et surmonter ces souffrances ? Quels moyens existent, quels sont les droits et devoir de chacun ? Comment repérer et désamorcer les techniques de management pathogènes ? Quel rôle la RSE (responsabilité Sociétale des entreprises) peut-elle jouer pour vaincre les souffrances au travail ?
Avec les psychologues Alain Chabert et Ziad Youakim de l’Association de Soutien et d’Appui face à la Souffrance au Travail . www.souffrance-et-travail.com
Lieu : La Ferme 31 avenue Henri Barbusse à Viry-Chatillon

17 décembre 2011

"Entreprises pressées, salariés sous pression", journée organisée par Science Po Paris

A l'occasion de ses 20 ans, l’Executive Master « Sociologie de l’entreprise et stratégie de changement » de Sciences Po organise une journée "Entreprises pressées, salariés sous pression" pour comprendre les effets des rationalisations gestionnaires et développer des alternatives créatives, critiques et innovantes.

Présentation de la journée
Il est temps de faire une pause. Une pause pour interpeller les politiques d’entreprises marquées par l’urgence et la course à la performance. Une pause pour partager des réflexions, des savoirs et des pratiques qui permettent de repenser le lien social dans l’entreprise et d’élaborer des alternatives aux recettes de gestion et de management qui dominent le travail contemporain.

Informations pratiques
Date: Jeudi 5 janvier 2012
Lieu: Sciences Po
27 rue Saint-Guillaume
75337 Paris Cedex 07
Les tarifs de la journée (incluant pauses cafés et déjeuner) :
Etudiants et Chômeurs : 30 € - Individuels : 70 € - Institutionnels : 150 €
Site internet:  http://www.pause-laconference.fr/


Les ateliers forum
Les ateliers-forums fonctionnent sur un principe participatif : les échanges s’y construisent sur la base des apports des participants en termes de questionnements, réflexions personnelles, témoignages de pratiques, récits d’intervention, présentation de lectures...
Chaque participant peut choisir lors de l’inscription deux ateliers qu’il souhaite rejoindre (un le matin et un l’après-midi), dans la limite des places disponibles (pour plus de convivialité, chaque atelier est limité à 20 participants).
Vous trouverez ci-dessous la liste des ateliers-forums proposés avec leurs animateurs respectifs.
  • Le socio-manager existe-t-il ?
Yolène Renou, Auditeur, Groupe EDF
Caroline Graille, Directrice Générale, Groupe Atenau SA
Myriam Foucart, Chargée de la prospective stratégique, CARSAT Rhône-Alpes

Pourquoi le manager s’intéresse-t-il à la sociologie ? Curiosité ou nécessité ? Pour servir quelle finalité ? Avec quelle prise de risque ? Et que fera-t-il des résultats qui risquent de déranger l’ordre établi ? Une chose est sûre : le manager qui s’éprend de sociologie est appelé à réinterroger ses pratiques et sa posture d’action.

  • Consultants-sociologues : quelles spécificités ?
Geneviève Trouiller, Consultante, Anact
Lydie Assier, Manager Senior, Sopra Consulting
Philippe Fenot, Consultant, Modeli
Emilienne Falzi, Directeur de projets, Entreprise et Personnel

Dans quelle mesure la sociologie irrigue-t-elle les pratiques de consultance ? Où se loge la spécificité de ces intervenants : dans leur méthodologie, notamment le détour incontournable par le diagnostic, dans les théories du changement qu’ils mobilisent, dans la relation qu’ils entretiennent à leur commanditaire... ?


  • Les DRH ont-ils encore un rôle stratégique à jouer ?
Sophie Guinouet-Bizet, Responsable du réseau RH à l’INSEE
Muriel Siméon, Responsable Développement RH, Croix-Rouge Française
Blaise Barbance, Responsable développement RH, Groupama Rhône-Alpes

Loin du statut « chef du personnel » des années 70, la DRH a acquis un rôle déterminant et sa place dans les plus hautes sphères de la dirigeance, pourtant on peut s’interroger sur sa capacité à incarner sa singularité. Sait-elle promouvoir une conception du « capital » humain dans des entreprises qui ne voient plus que par les outils, procédures et systèmes de gestion ? La sociologie peut-elle l’aider à retrouver une fonction critique et politique ?


  • Se former aux sciences sociales, est-ce bien raisonnable ?
Norbert GIRARD, Chargé de mission, Observatoire de l’Evolution des Métiers de l’Assurance
Olivia Foli, Maître de conférences, CELSA – Université Paris Sorbonne

L’apprentissage des sciences sociales s’inscrit d’abord dans une quête de sens, dans une démarche compréhensive des phénomènes humains, tels qu’ils irriguent tout groupe social. Quel regard réflexif peut-on porter sur les motivations – raisonnables ou non – que représente l’engagement dans ce type de formation ?


  • Négociations, transactions, compromis : où sont les espaces et les acteurs de la médiation au travail ?
Sylvie Dideron, Adjointe de direction et chargée de mission - Service Social Inter-Entreprises
Jean-Marc Rapin, responsable du pôle événements et audiovisuel - Direction de la communication, Pôle emploi

Dans des contextes socio-économiques et politiques fortement marqués par le libéralisme et la concurrence, les entreprises de statut public, privé ou associatif sont confrontées à des processus de privatisation, de fusion ou de rénovation de leur offre de service, qui bouleversent leurs héritages. Comment accompagner le plus démocratiquement possible ces changements ? Quels sont les espaces de médiation à ouvrir pour faire évoluer les métiers et produire de la reconnaissance ?


  • Les demandes d’intervention sociologique : où ? pour qui ? pour quoi ?
Yves Bensaïd, consultant indépendant
Marie-Hélène Cabé, sociologue consultante
Philippe Robert-Tanguy, Consultant, Creac’h Consulting

En recherche constante de flexibilité et de réactivité, les entreprises attendent des consultants des solutions concrètes et une opérationnalité immédiate de leurs actions. Les sociologues peuvent-ils répondre à de telles demandes ? A quelles conditions ? Les décideurs et commanditaires de prestations de conseils s’intéressent-ils aux démarches à forte coloration sociologique et, si oui, dans quel contexte et pour quoi faire ?


  • La crise : vivre avec ou en sortir ?
Philippe Fénot, consultant Modeli
Alain Fredaigue, MSF
Philippe Olivier, Consultant, Un bureau dans la Serre
Vincent Moreau, Directeur d’association

Affaiblissement du lien social, perte de sens, disparition de la confiance… certains changements engendrent des crises organisationnelles durables. Faut-il apprendre à vivre avec durablement ? Quand et comment peut-on en sortir ? De l’intérieur ou en s’appuyant sur une intervention extérieure ?


  • Les sociologues et l’entreprise 2.0
Carol Dubois, co-fondatrice de Diagnose-TIC
Grégory Lévis, co-fondateur de Diagnose-TIC
Olivier Tonnelier, architecte Systèmes d’information, Arismore Messageries, médias sociaux, internet mobile, outils collaboratifs… les technologies de l’information et de la communication n’en finissent plus de coloniser la sphère professionnelle, transformant les organisations, les métiers, les modes de coopération. Les sciences sociales peuvent-elles contribuer à améliorer l’intégration de ces nouvelles technologies et en faciliter l’appropriation ?


  • Au secours ! mon responsable de com’ fait de la sociologie
Françoise Niemtchinow, Déléguée Stratégie et Communication, GDF Suez
Stéphanie Dupouy, Responsable de la communication de la Cpam de Paris
Jacques Viers, Vice-Président de l’APSE, membre de l’AFCI
Françoise Plet-Servant, Directrice de la Communication, Campus Condorcet

Le communicant est un grand spécialiste du double jeu : à la fois relais de la stratégie de la direction et en distance critique pour jouer son rôle de conseil et « renvoyer le monde » aux dirigeants. Quelles ressources la sociologie des entreprises lui apporte-t-elle pour mener à bien cette mission qui tient du grand écart ?


  • Y a-t-il une place pour les sociologues au chevet du travail ?
Dominique Démaret, sociologue consultante, Futur Antérieur
Luc Lefèvre, Responsable Mission Interne Risques Psychosociaux, CDC
Marc Viel, conseiller en prévention des risques professionnels à la Mutualité Sociale Agricole
Véronique Pauly, conseil RH, EDF

Face à l’ampleur et à l’hypermédiatisation des risques psychosociaux, de nombreux acteurs internes et externes à l’organisation se proclament seuls compétents pour intervenir. Peut-on espérer que les sciences sociales dépassent leurs querelles intestines et se penchent de façon concertée sur l’enjeu essentiel que constitue le « mal-être au travail » ? Que peuvent apporter les sociologues sur ce sujet ?


  • Le service public est-il soluble dans la RGPP ?
François Granier, chercheur associé, Laboratoire Interdisciplinaire pour la Sociologie Economique
Ken Fukuhara, conseiller en stratégie, Pôle Emploi
Eric de Lannoy, chef de service, direction des services administratifs et financiers du Premier ministre

La modernisation des services publics impulsée par la RGPP provoque des situations de grandes perturbations mêlant des sentiments de perte de repères et de sens, d’insécurité et de fatalisme. Comment en comprendre les effets ? Peut-on accompagner ces processus ? Quel peut être le rôle des cadres de terrain et à quelles conditions peuvent-ils se mobiliser ?


  • Faut-il internaliser la fonction d’accompagnement du changement ?
Muriel Martinez, consultante interne, SNCF

Certaines entreprises en proie à de nombreux bouleversements et projets de transformation successifs ont développé des réflexes de partenariat avec des cabinets de conseils pour se faire accompagner. D’autres organisations choisissent de faire de l’accompagnement du changement une compétence managériale supplémentaire ou encore un métier à part entière. Ces orientations sont elles antinomiques ou complémentaires ? Quel est l’apport spécifique des consultants internes ?


  • Je lis de la sociologie et alors ?
Dominique Martin, Sociologue émérite

Un atelier-forum pas comme les autres : Dominique Martin anime, autour d’un café, un atelier de réflexion et de partage sur la lecture des sciences sociales. Vous pourrez également consulter en libre accès revues, ouvrages et mémoires produits par les étudiants du master.


  • Evolution professionnelle et trajectoire de vie : quelle sociologie pour l’action personnelle ?
Gérard Gallienne, Professeur au Celsa et à Sciences Po
Eliza Madhavy, responsable du Pôle immobilisation- Direction Financière EDF

Le changement organisationnel semble souvent menacer l’évolution professionnelle alors que, peut-être, analysé à bonne distance, il pourrait fournir un tremplin à de nouveaux choix (bifurcation, reconversion...). Viser un nouvel horizon de sa trajectoire personnelle se révèle complexe et malaisé : du questionnement intime au regard souvent dubitatif et figé que portent les autres, c’est tout un cheminement de pensée et un approfondissement des raisons de nos choix qui doit se constituer pour oser mettre en œuvre ce qui peut devenir une mutation identitaire. La sociologie,qui s’est déployée dans la compréhension des phénomènes collectifs, peut aussi éclairer l’action personnelle en instaurant le Sujet comme acteur de sa propre trajectoire de vie.


  • Sociologues et Gestionnaires : rivalité et/ou complémentarité ?
Enrique Muzard, Directeur Délégué chez AACC
Patricia Michel, Administratrice, Théâtre national La Colline

Les bouleversements et crises que traversent les entreprises contemporaines ne sont pas sans lien avec l’inflation de l’activité prescriptive et normative des gestionnaires. Dans un contexte de compétitivité, d’efficacité, de rapidité, le gestionnaire trouve-t-il le temps d’échapper à la simple réactivité ? Peut-il, nourri de ses échanges avec le sociologue, élaborer d’autres manières de concevoir et déployer les outils de gestion ?

Programme
8h30 : Accueil
9h00 : Introduction
9h30-11h30 : Ateliers-forums (cliquez ici pour découvrir les ateliers proposés)
12h00-13h00 : Conférence plénière Résister à l’agitation : oser le détour par les sciences sociales.
Regards croisés sur l’utilité des sciences sociales
dans les organisations et les parcours professionnels :
Bernard Blanc, Directeur Général AQUITANIS, office public de l’habitat de la communauté urbaine de Bordeaux
Jean-Noël Freixinos, Directeur de l’emploi et de la formation professionnelle au Conseil Régional Pays de la Loire
Loic Hislaire, DRH de la SNCF EPIC
Gabrielle Simon, chargée de mission au cabinet de la direction générale de Pôle Emploi, en charge de la question des IPR
13h00-13h15 : Détour ludique et artistique
Performance Slam du duo UnDeuxGround de la compagnie Gertrude II
13h15-14h30 : Déjeuner autour d’un buffet
14h30-16h30 : Ateliers-forums (cliquez ici pour découvrir les ateliers proposés)
17h00-18h00 : Conférence plénière Changer d’angle : regards croisés sur les pratiques
d’intervention.
Entre clinique, critique et expertise, quelles postures, quels points de vues, quelle éthique, soutiennent l’engagement des praticiens dans l’intervention ?

François Hubault, ergonome et maître de conférence à l’Université Paris1 Panthéon - Sorbonne
Florence Giust Desprairies, psychosociologue, intervenante-chercheur clinicienne et professeur à Paris 7 en psychosociologie
Marc Uhalde, sociologue, chercheur au Lise (CNAM-CNRS), co-directeur de l’Executive Master "Sociologie de l’entreprise et stratégie de changement"
18h00-18h30 : Détour ludique et artistique
Performance Slam du duo UnDeuxGround de la compagnie Gertrude II
  

04 décembre 2011

DIscrimination et recrutement: article du Nouvel économiste


Age, sexe et origine. Voilà les trois critères sur lesquels se fondent les discriminations à l’embauche de dirigeants. Si elles incombent aussi bien aux cabinets de chasseurs de tête qu’à leurs clients, ces discriminations, lorsqu’elles surviennent, se pratiquent toutefois de manière détournée, à un moment ou un autre du processus de recrutement. Comment ? En prenant la forme de préjugés sur les “bons” et les “mauvais” profils. Pour mettre fin à de telles pratiques, certains acteurs, conscients de leur responsabilité sociétale, se rassemblent en association afin de favoriser la diffusion de pratiques plus déontologiques. Et sensibiliser la profession aux risques juridiques encourus en cas de comportement discriminatoire
A ce poste, un homme serait préférable, car j’ai déjà plusieurs femmes en congés maternité en interne.” Ces propos discriminants, Jean-Marie Chassé, dirigeant du cabinet chasseur de têtes Theodore Search, les entend encore souvent dans la bouche de ses clients. “Parfois, on est vraiment consterné”, reconnaît ce dernier. Un constat partagé par bon nombre d’acteurs spécialisés dans le recrutement de dirigeants. “Nous devons faire face à des clichés, des idées très arrêtées en termes de profil dans 5 à 10 % des cas”, juge pour sa part, Philippe Vidal, dirigeant du cabinet de chasseur de tête éponyme.
Les critères sur lesquels portent généralement les discriminations à l’embauche ? “Elles peuvent porter sur des critères très aléatoires, du handicap à l’apparence physique, même si le rejet des seniors reste aujourd’hui la discrimination la plus flagrante”, affirme Jean-Marie Chassé. Auxquels s’ajoutent les préjugés, encore légion, à l’égard des femmes et des minorités visibles. Et les études réalisées en la matière parlent d’elles-mêmes.
Ainsi, selon le dernier baromètre des discriminations à l’embauche réalisé en 2006, l’âge constitue la première forme de “ségrégation” : un candidat âgé de 48 à 50 ans reçoit trois fois moins de réponses positives qu’un candidat âgé de 28 à 30 ans. Un taux de réponses qui s’affaiblit à mesure que la qualification s’élève. Le “sexe faible” est loin lui aussi d’être épargné par les préjugés : une femme de 32 ans, mariée et mère de famille, a 37 % de chances en moins d’être convoquée à un entretien d’embauche qu’un homme du même âge.
Quant à l’origine ethnique, l’étude note également qu’un candidat au patronyme maghrébin (sans photo) reçoit trois fois moins de réponses qu’un homologue au nom et prénom “français de souche”. Et là aussi, la discrimination raciale s’avère plus forte pour les postes de cadre. “Cela étant, nos clients sont généralement de moins en moins regardants concernant l’origine, nuance Philippe Vidal, car il s’agit pour la plupart de grands groupes internationaux habitués à la diversité.”
Même son de cloche chez Taste RH : “On est plus confronté à des discriminations envers l’âge, qui semblent socialement plus acceptables que celles portant sur l’origine ou le sexe”, explique Sébastien Bompard, dirigeant du cabinet. Un constat que confirme une étude Oasys réalisée en 2007, dans laquelle 69 % des consultants déclarent que l’âge peut être un critère discriminant, contre 36 % pour le nom de famille.
La discrimination inconsciente
Autant de discriminations pratiquées ouvertement par les entreprises ? Ou, a contrario, de façon insidieuse ? “Elles se pratiquent de manière de plus en plus dissimulée, constate Matthieu Beaurain, président de Lincoln Associates, cabinet chasseur de têtes, car depuis plusieurs années, la question de la diversité est devenue un sujet incontournable qui interpelle pouvoirs publics et acteurs des RH. Si bien que les entreprises n’osent plus exposer au grand jour leurs clichés discriminatoires.”
En témoigne en 2005 le lancement par le gouvernement de la Halde (Haute autorité de lutte contre les discriminations et pour l’égalité), baptisée depuis Défenseurs des droits. Une institution sur laquelle peut s’appuyer tout candidat discriminé pour faire valoir ses droits. “C’est pourquoi les préjugés s’expriment désormais davantage en ‘off’ à un moment ou un autre du process de recrutement”, analyse Jean-Marie Chassé. D’autant que, lors d’une embauche, le client s’intéresse nécessairement à la personnalité du candidat, une approche subjective qui laisse la porte ouverte aux préjugés.
“Difficile donc d’établir où commence la discrimination, tant certains clients privilégient inconsciemment des gens qui leur plaisent personnellement ou leur ressemblent” explique Jean-Marie Chassé, en citant l’exemple d’une entreprise cliente recherchant comme DRH “ ‘un homme dynamique qui a la pêche’. Une requête qui s’avérait discriminante à l’égard des femmes, même si le client n’en avait pas tellement conscience”.
L’autre manière détournée d’éviter tous candidats “maghrébins” ou “noirs” consiste, par exemple, à exiger des profils strictement issus d’une grande école. “Les entreprises qui érigent ce critère en condition sine qua non excluent de fait tous les profils socialement différents, bien qu’aussi compétents”, souligne Philippe Vidal en rappelant que de telles exigences émanent plus souvent d’entreprises françaises, d’une tradition très élitiste, que de leurs homologues anglo-saxonnes, bien plus ouvertes et pragmatiques.
Un avis partagé par Jean-Marie Peretti, professeur en ressources humaines à l’Essec : “les discriminations portent souvent sur le diplôme avec le rejet des autodidactes, aussi expérimentés soient-ils. Le haut potentiel recherché étant souvent un quadragénaire bien diplômé”. Et d’ajouter : “ces formes de rejet sont souvent liées aux préjugés sur l’efficacité et la productivité, trouvant elles-mêmes leur fondement dans un certain culte du jeunisme”. D’où le rejet, tout aussi notable, des profils seniors, qui au-delà des minorités visibles, souffrent aujourd’hui encore d’une image professionnelle négative : celle du collaborateur peu productif, difficilement intégrable et pas assez rentable à long terme.
Des discriminations incombant uniquement aux entreprises clientes ? “Non, certains cabinets partagent également ces stéréotypes sur les ‘meilleurs profils’ et sont peu portés à prendre le risque d’élargir leur recrutement à des candidats qui sortent du moule”, répond Jean-Marie Peretti. A cela s’ajoutent tous les chasseurs de têtes qui s’autocensurent, “malgré eux”, lors de leurs recherches. La raison ?
“Ils se sentent tenus de prendre en compte les préférences, explicites ou implicites, de leurs clients”, commente le professeur. Voilà pourquoi, dans seulement une mission sur deux, les cabinets déclarent présenter un “outsider”, candidat correspondant à moins de 80 % des critères demandés par le client, selon l’étude d’Oasys. Et cet “outsider” n’est en moyenne retenu qu’une fois sur quatre !
C’est dire la difficulté qu’ont certains chasseurs à faire évoluer la position de leurs clients. “Sur un panel de critères comme la formation du candidat, il est souvent très dur de se battre, de faire évoluer les mentalités des entreprises”, reconnaît Philippe Vidal. Les chasseurs n’auraient-ils alors aucune marge de manœuvre pour promouvoir un recrutement socialement responsable ?
“Faux !, répond le dirigeant de Lincoln Associates, face à une demande discriminante, les consultants ont toujours la possibilité de décliner la mission. Et c’est l’attitude que nous adoptons systématiquement.” Pour prévenir toute pratique discriminante, le cabinet Theodore Search a également sa méthode : “Une entreprise qui signe un contrat avec nous s’engage à recevoir tous les candidats que nous lui présentons. Un bon moyen de prévention, puisque la plupart des discriminations ont lieu à la lecture d’un CV, mais sont ensuite levées dès la rencontre du candidat en entretien” affirme Jean-Marie Chassé, en rappelant que c’est le rôle des consultants d’“éduquer” leurs clients aux enjeux de la non-discrimination.
Lire l'article en intégralité