06 août 2012

Pourquoi un CDI est plus facile à décrocher pour un job d'été


Retrouvez l'article sur le site Challenges.fr

Le CDI est de plus en plus imposé aux saisonniers à la place du CDD. Il permet à l'employeur d'éviter la prime de précarité. Mais cette pratique est illégale.

Glacier, petit job de l'été © AFP PHOTO / TIZIANA FABI

Si difficile à obtenir après ses études, le CDI est devenu le saint-graal pour beaucoup de jeunes précaires. Pourtant, gare aux pièges. De plus en plus d'entreprises signent des contrats à durée indéterminée à la place de CDD. La période estivale, propice aux petits jobs, est particulièrement révélatrice de ce phénomène. En effet, il semblerait que de plus en plus d'employeurs embauchent des saisonniers en CDI, selon un article publié dans Le Parisien ce lundi 06 août.

Pour les entreprises, le CDI coûte moins cher et est moins rigide qu'une CDD. Ainsi, contrairement au CDD, la rupture de CDI ne donne pas droit à la prime de précarité, et chacune des deux parties peut mettre fin sans motif au contrat au cours des deux mois de période d'essai. Avec un contrat à durée déterminée, la période d'essai est plus courte et proportionnelle à la durée du contrat. Un employeur qui souhaite ainsi embaucher un jeune pendant les mois de juillet et août peut donc mettre fin au CDI au bout de deux mois sans se justifier et sans payer la prime de précarité. "On peut parler à la fois d'abus de droit, car le contrat n'est pas adapté et d'abus de faiblesse, car les jeunes n'ont souvent pas connaissance des règles protectrices du droit du travail et en particulier des règles applicables au CDD", explique Me Alexis Sobol.

"Tu démissionnes et tu reviens l'été prochain"

D'après la CGT Commerce, les secteurs les plus touchés sont la restauration et le petit commerce dans les zones touristiques. Grégory Crochemar, 25 ans, commis de cuisine a été victime trois fois de cette combine :"J'avais signé un CDI. J'ai enchaîné deux mois dans un grand hôtel et fin août, la direction a attendu le dernier moment pour m'annoncer que je ne continuerai pas. Ils m'ont dit que je manquais de motivation". Le géant américain de la mode, Abercrombie & Fitch, qui possède une boutique sur les Champs-Elysées, use et abuse de CDI pour des étudiants appelés en renfort pour l'été. "Les recruteurs d'Abercrombie expliquent le deal dès la signature du CDI. Ils disent aux jeunes: Tu démissionnes quand tu rentres à l'université et tu reviens l'été prochain si tu veux", rapporte Karl Ghazin, secrétaire général de la CGT Commerce.

Mais agir de la sorte est risqué pour les entreprises. Selon Philippe Axelroude, avocat spécialiste du droit du travail, "si l'employé va au prud'hommes, l'employeur devra alors expliquer que le CDI était en fait prévu sur un poste temporaire, et se retrouvera dans l'illégalité." Au total, la société condamnée pourrait débourser jusqu'à 3 mois de salaire. Mais finalement peu d'étudiants sont prêts à poursuivre devant la justice ces employeurs qui jouent avec les règles du code du travail, car si peu connaissent leurs droits de salariés.

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